Dessin automatique par J. Coleman-Miller — Travail personnel-CC BY-SA 3.0

Qu’est-ce que le dessin automatique et comment le pratiquer ?

Temps de lecture : 5 minutes

Qu’est-ce que le dessin automatique ?

Le dessin automatique est une technique de création artistique permettant de laisser son imagination s’exprimer, sans la réfréner.

En laissant la main se déplacer sur le papier sans retenue, le trait serait libéré du contrôle rationnel.
Les yeux fermés ou bandés s’il le souhaite, l’artiste dessine en laissant son subconscient guider ses mouvements. En découvrant le résultat, il pourra deviner des ébauches de formes qu’il sera libre de compléter avec par exemple des détails, des textures ou des couleurs.

 

Naissance du dessin automatique

Si l’on attribue son invention au peintre André Masson, bien des artistes se sont essayés à l’exercice du dessin automatique : citons par exemple Salvador Dali, Pablo Picasso, Joan Miro ou encore Max Ernst.
Les Automatismes, un groupe d’artistes canadiens créé dans les années 1940, ont notamment utilisé cette technique afin de libérer leur élan artistique des entraves de la raison.

Le dessin automatique s’oppose donc à l’art figuratif, et est bien souvent absent des enseignements de dessin classique qui lui préfèrent une approche plus académique. Pourtant, travailler le dessin automatique entraîne des leviers absolument essentiels aux aptitudes à la fois créatives et émotionnelles. Le cerveau gauche, dont les fonctions prédominantes sont la rationalité et la logique, intervient trop souvent dans les processus de création conventionnels. En empêchant le cerveau droit de s’exprimer, c’est aussi l’abstraction et le lâcher prise, le ressenti des émotions et la mémoire visuelle que l’on fait taire.

 

Variantes au dessin automatique

De nombreuses variantes au dessin automatique ont vu le jour, appliquées entre autres à la peinture et à d’autres médias. Miró a par exemple souvent commencé ses peintures en exécutant des techniques de dessins automatiques, tout comme Picasso dans ses gravures et lithographies des années 1960.

Il est également possible d’appliquer le principe du dessin automatique à l’écriture, seul ou à plusieurs, à travers par exemple le jeu du cadavre
exquis
développé par les surréalistes vers 1925. Lorsqu’elle est pratiquée seul, l’écriture automatique permet de reléguer la conscience et la volonté au second plan afin de laisser couler les pensées, sans aucune contrainte morale ou sociale.

Ce mode de création littéraire à part entière permet de surmonter la censure encadrant habituellement l’inconscient : on comprend ainsi mieux pourquoi les auteurs surréalistes utilisaient tant l’écriture automatique dans leurs travaux. Elle représentait un véritable pont vers leur subconscient, les autorisant à ne pas se soucier de ce qui était permis ou non.

L’idée est alors d’écrire le plus vite possible sans s’inquiéter des défauts apparents, des fautes de grammaire, de syntaxe, de vocabulaire… afin de suivre son inspiration sans perdre son élan artistique. Cela nécessite un état de lâcher prise que l’on retrouve à mi-chemin entre l’éveil et le sommeil. Le dessin automatique est en cela, une forme d’auto-hypnose.

 

 

Comment pratiquer le dessin automatique ?

 

Pourquoi pratiquer le dessin automatique

Le dessin automatique est probablement la pratique la plus naturelle et instinctive qui soit en matière de dessin. S’entraîner à mettre en sourdine la zone analytique du cerveau permet d’accéder à celle, trop souvent tue, de la création et du lâcher prise.
Si cet exercice effraie souvent les débutants et demande un réel travail sur l’attitude à adopter vis-à-vis de ce qui se passe sur votre feuille, il permet de libérer la main des blocages liés à la peur de l’échec.

C’est la maîtrise du geste et la dynamique globale qui apportent de l’âme à une œuvre plastique, et non la finesse des détails. Le dessin automatique sert donc à travailler les points suivant, bien souvent oubliés des cours académiques :

  • Acquérir le bon geste en travaillant sa gestuelle, gagner en assurance jusqu’à être complètement détendu et absorbé par son œuvre…
  • Lâcher prise et mettre de côté son sens immédiat de l’esthétique, du soin et de l’application, qui ne seront nécessaires que pour les finitions. Apprendre le dessin, c’est aussi se défaire de la pression de son propre regard et de celui des autres !
  • Gagner en créativité en faisant taire vos doutes et vos peurs. Vos séances de dessin deviendront rapidement plus ludiques et agréables une fois passé le cap du jugement constant.

Exercices de dessin automatique

 

Exercice 1

Posez le crayon sur la feuille et déplacez-le. Votre main ne doit pas se lever, ou presque pas. Laissez aller votre trait et voyez où il vous emmène. Vous verrez naître des automatismes, par exemple des ondulations qui vont se répéter. N’essayez pas de les réfréner : ne réfléchissez pas et faites les mouvements qui vous semblent les plus naturels.

Vous êtes libre de varier l’appui, les mouvements, les directions, les formes… Laissez votre crayon se promener et explorez les pistes qui vous viennent à l’esprit : vous verrez peut-être se former un paysage, des silhouettes… Accentuez alors les zones qui vous semble intéressantes.

Dans cet exercice, le trait se veut spontané et libre afin de donner naissance à une idée. Ecartez les jugements sur ce qui se passe au bout du crayon, et suivez vos pensées commençant par « et si… », « tiens, on dirait… ».

 

tracé pointilles

 

Exercice 2

Même consigne… Mais uniquement avec des lignes droites ! Passez-vous de règle pour garder votre spontanéité. Variez la taille des segments et laissez-les se chevaucher, se croiser, se fermer ou rester ouverts, mélangez les traits parallèles et perpendiculaires.

Se limiter aux lignes droites rappelle les gestes vifs et récurrents de l’architecte, et vous verrez peut-être d’ailleurs se construire une maison, un bâtiment, une boîte… Vous pourrez par la suite remplir certaines zones : profitez que vos formes soient géométriques pour travailler des aspects particuliers qui peuvent vous venir à l’esprit.

Le résultat sera bien plus rigide que dans le premier exercice, mais tout aussi intéressant !

 

 

trace quadrillage

Exercice 3

Toujours dans l’idée de laisser votre crayon vous guider, limitez-vous à des spirales et tracez-les dans le même sens, sans lever la mine du support. Variez la taille des cercles, la force de votre poignet, la vitesse de vos mouvements.

Recherchez du plaisir même dans les motifs les plus simples pour libérer votre main : le poignet doit idéalement rester rigide tout en avançant à son rythme, sans retenue. Travailler fréquemment ces exercices vous aidera à apprivoiser votre esprit créatif, sans vous limiter à la reproduction pure.

 

 

trace aleatoire

 

 

 

De manière générale, préférez une mine de plomb ou une mine grasse pour travailler le dessin automatique : plus agréable à laisser courir sur le papier, un crayon 8B offrira également plus de possibilités qu’un 2H.

 

➡️ Essayez aussi la technique du Cadavre exquis

 

Auteure : Marie Keraudren

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2 Commentaire

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Minarépondre
20 février 2022 à 21 h 23 min

Merci ! 🙂

Gwénoléerépondre
21 février 2022 à 14 h 56 min

Avec plaisir, Mina !

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